Les travaux d’un vaste édifice de style gothique sur les plans d’Armand Gassis, architecte à Chateaulin et Hervé, entrepreneur, commencent en 1893 pour la première partie : transept, chœur et sacristies. En février 1894 sont construits la nef et les collatéraux. Puis viennent les murs et la toiture.
Le 14 mai 1896, jour de l’Ascension, l’église est bénite par le chanoine Guenidal, vicaire général. Le 27 mai 1897, l’église est consacrée par Mgr Becel, évêque de Vannes, sous le titre de Sacré Cœur de Jésus.
A cette époque, la nouvelle église paroissiale ne disposait que d’une seule cloche,
celle de l’ancienne église de la rue Terrien.
En l’absence de clocher, elle fut logée dans un beffroi en bois bâti à coté de la sacristie.
L’année même de sa mise en place, cette cloche unique « ayant été brisée par des maladroits qui,
sans autorisation aucune, avaient jugé à propos de carillonner pour la procession de le Fête–Dieu », il fallut la remplacer.
Le curé de l’époque commanda une nouvelle cloche à M. Havart, fondeur de cloches à Villedieu-les-Poêles. Elle sonnait en si naturel.
Cette cloche nommée « Charlotte-Thérèse-Jeanne-Louise » pesait 222 kilos, elle resta en place jusqu’en 1954. Mais, à cette date, elle n’était plus solitaire, ayant été rejointe, le 16 mars 1947, par une nouvelle cloche : elle pesait 530 kilos, avait un diamètre de 0,95 m et sonnait en sol dièse. Elle fut bénite le dimanche 16 mars 1947 par le vicaire général Mgr Le Baron et nommée « Marie-Vincente-Albine ». Elle venait des ateliers Paccard, à Annecy-le-Vieux.
Chacune des deux cloches avaient avait son propre beffroi de bois, adapté à sa taille.
En 1954, année mariale, le chanoine Guého, curé doyen, décida de supprimer la cloche la plus ancienne, qui fêlée, rendait d’après lui « un son grêle, sans harmonique et soutiendrait mal sa partie dans l’accord d’un carillon complet. » Il l’échangea avec Paccard, contre une coche en la dièse de 380 kilos, en stock à Annecy. Cette cloche était nue, sans enjolivures, mais il était impossible d’y inscrire un texte en relief. On la grava donc : « 1954. Louise-Eugénie. Parrain : Eugène Le Chaton. Marraine : Louise le Teuff. Curé : M ; Le chanoine Guého. »
Dans le même temps, on décida que le petit beffroi, en mauvais état, disparaîtrait avec sa cloche en si, et que le grand serait élargi pour recevoir un carillon complet de quatre cloches. La princesse de Polignac offrit les arbres et l’assistance de son régisseur, Eugène Le Gallo, qui supervisa l’abattage
et le charroi des troncs. M. Le Moène, menuisier-charpentier, construisit le nouveau beffroi. Dans la foulée, le curé Guého obtint de la municipalité l’électrification du beffroi.(« Angélus automatique »).
Profitant d’une disponibilité chez le fabricant savoyard, il commanda immédiatement une autre cloche neuve en fa dièse de 760 kilos, qui porte, en relief cette fois le texte suivant :
« Marie-Josèphe. Bénite en l’an de grâce 1954. A l’occasion de l’année mariale, sous le glorieux pontificat de Sa sainteté Pie XII, en l’épiscopat de Mgr Le Bellec, évêque de Vannes, M. l’abbé Jean Guého, chanoine honoraire, étant curé de Pont-Scorff, M. Janot étant maire. Parrains : M. Joseph Bocher, M. Vincent Lavolé. Marraines : Mme La Princesse H. de Polignac, Mme Janot. »
La nouvelle cloche fût bénite le 19 décembre 1954 par le vicaire général Lamour. Pour la première fois retentit à Pont-Scorff ce jour là le carillon de trois cloches ( sol dièse, la dièse , fa dièse ) qui existe encore aujourd’hui.
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L’un des aspects remarquables de l’église paroissiale de Pont-Scorff est l’absence de clocher. En effet, si l’église a aujourd’hui un carillon de trois coches, celles-ci sont logés dans un beffroi annexe en bois rattaché à la sacristie par le seul câble d’alimentation du système de déclenchement électrique du carillon.
Contrairement aux autres églises des communes limitrophes de la poche de Lorient ( Quéven, Gestel, Caudan …), l’église de Pont-Scorff ne fut jamais visée, ni même atteinte par mégarde. C’est que, contrairement à ses voisines, elle n’avait pas un clocher qui pouvait servir d’observatoire pour les assaillants de la Poche, ni de cible pour ses défenseurs. En ce sens, on peut dire que l’absence de clocher a sans doute sauvé l’église de Pont-Scorff de la destruction en 1944-1945.
Source : « Sur les rives du Scorff » Cléguer / Pont-Scorff
de Martine ROUELLÉ – Docteur en Histoire
avec la participation de Guy LE MOUEL
Editeur : Liv’ Editions