« Les Bretons restent des chrétiens sociologiques même s’ils ne sont plus catholiques pratiquants.
En ce sens, ils sont attachés à leur espace.
Ça ne peut pas s’expliquer autrement que par la force de ce christianisme sociologique qui unit et rassemble. Le pardon, c’est ça.
Si ce n’était qu’un office religieux, ce serait une messe.
Si ce n’était qu’une fête profane, ça serait une kermesse.
C’est un pardon, donc une messe et une kermesse.
Quel que soit le pardon, il y a ceux qui assistent à la messe et ceux qui sont à la buvette.
Mais il n’y pas antinomie entre les deux. »
Entretien avec Bernard RIO paru dans le Magazine « BRETONS » de mai 2019
Bernard RIO a publié » Sur les chemins des pardons et pèlerinages de Bretagne » Editions Ouest France
Le mot pardon est apparu seulement au XIVe siècle. Il désignait à l’origine les indulgences dont on pouvait bénéficier le jour de la fête patronale et comme au Moyen Age on avait donné le nom de « pardon » aux indulgences, on a attribué ce titre à la célébration elle-même : « il y a pardon, c’est-à-dire indulgence dans telle église, chapelle ».
Puis le titre de pardon a été étendu au cours du XIXe siècle à toutes les célébrations des patrons des églises et des chapelles en particulier en Bretagne bretonnante.
Le caractère festif du pardon nous est très familier, il a toujours prédominé dans les petits pardons
des chapelles de campagne. C’est une tradition très ancienne : luttes, courses, levers de perches, lancement de la soule, danses.
Le pardon est aussi un lieu de rassemblement, de retrouvailles, de réunions familiales. Il est d’usage d’y inviter la parenté.
La coexistence des aspects profanes et religieux du pardon suscita, pendant des siècles, bien des conflits entre l’Eglise et le peuple.
Jean Louis le FLOC’H Ar Men n° 43